Face à l'ogre mancunien, le FC Barcelone version Frank Rijkaard
joue sa dernière chance de sauver une saison jusqu'ici pénible. En fin
de cycle, largués en championnat d'Espagne, les Blaugrana ont
paradoxalement la possibilité bien réelle de disputer une finale de
Ligue des Champions.Il flottera comme un air particulier ce soir
à Barcelone. Oscillant entre l'odeur de la fin de règne et celle du
renouveau. Devant la centaine de milliers de spectateurs qui se sera
déplacée pour garnir les travées du Camp Nou, le Barça tentera de
réussir bien plus qu'une opération sauvetage face à Manchester United.
Les Blaugrana auront l'occasion de faire un premier pas vers la finale
de la Ligue des Champions. Apothéose rêvée par tous en début de saison
mais qui ne sourit qu'aux plus audacieux au mois de mai. Ce serait une
drôle de récompense pour un club qui est décrit par tous les
observateurs comme en fin de cycle et éreinté par une saison qui n'a
pas été de tout repos.
C'est là tout le paradoxe du FC Barcelone. Troisième du championnat d'Espagne et relégué à onze longueurs du Real Madrid,
le club dirigé par Joan Laporta n'a remporté qu'une rencontre sur ses
huit dernières sorties en Liga. Il devra se résoudre à laisser le titre
national au Real pour la deuxième fois de suite et à suivre les scènes
de liesse du côté de la "plaza de Cibeles". Mais ce Barça a une double
vie. Si décevant en Liga, "Docteur Blaugrana et Mister Barcelona"
présente un tout autre visage en Ligue des Champions."Nous avons eu beaucoup de problèmes"Invaincu
cette saison sur le front européen, vainqueur de tous ses matches à
domicile (10 buts marqués - 1 seul encaissé), le FC Barcelone est le
dernier rescapé des clubs du Vieux Continent alors que l'Angleterre
s'est une nouvelle fois taillé la part du lion avec trois représentants
dans le dernier carré. Certains diront que le parcours du Barça n'a pas
été d'une difficulté insurmontable (Celtic Glasgow en huitièmes, Schalke 04
en quarts), il n'en reste pas moins que les hommes de Frank Rijkaard
sont toujours en lice pour un troisième succès en C1 (1992, 2006).
Après une saison aussi mouvementée, marquées par les blessures à
répétition (Eto'o ou Messi notamment), un recrutement onéreux qui n'a
pas payé autant qu'il aurait dû (Henry, Abidal), et évidemment le
triste feuilleton de la vie dissolue de Ronaldinho, le Barça n'a pas
été épargné. Frank Rijkaard devrait d'ailleurs en payer les pots cassés
cet été."Quand on ne gagne pas, il est normal qu'il y ait
des changements d'entraîneur ou de joueurs. Cependant, il n'est pas
encore temps de parler de cela, pense Deco, qui a de fortes chances de quitter le navire cet été. La
saison n'est pas terminée.On peut encore remporter la finale de la
Ligue des Champions et personne n'en a plus envie que nous." Une
victoire le 21 mai à Moscou serait une apothéose plus qu'inattendue. Et
permettrait de clore l'ère Rijkaard (qui aurait tout aussi bien pu
s'appeler "ère Ronaldinho" si le Brésilien était encore dans le coup)
de la plus belle des manières. "L'an dernier, on avait peut-être
levé le pied après les succès de 2006. Mais cette saison, nous avons eu
beaucoup de problèmes", tient à souligner l'infatigable Xavi qui
sera une nouvelle fois l'un des hommes-clé de cette demi-finale aller
face aux Red Devils.Grands favoris de la double confrontation,
les Mancuniens débarquent à Barcelone en confiance. Mais si une équipe
a les moyens de mettre des bâtons dans les roues du leader de la
Premier League, c'est bien le FC Barcelone. En Ligue des Champions
cette saison, personne n'a plus conservé le cuir que les Catalans.
Propriétaires du ballon 58% du temps en moyenne, les Catalans ne
laissent que des miettes à leurs adversaires. Comme Manchester United,
le FC Barcelone ne vit que par et pour le jeu. Cela a toujours été le
cas. Mais ces derniers temps, on avait presque fini par l'oublier. Le
Barça a deux rencontres, voire trois, pour le rappeler au monde du
football.